Actiris analyse le profil des chercheurs d'emploi touchés par la réforme de l'Arizona
Près de 42.000 chercheurs d’emploi bruxellois seront concernés par la limitation dans le temps des allocations de chômage entre janvier 2026 et juillet 2027
Note importante : les chiffres présentés sont des estimations du nombre de personnes potentiellement concernées par une fin de droit. L'ensemble de ces estimations proviennent de l'ONEM. En pratique, tous les chômeurs identifiés ne seront pas nécessairement encore au chômage au moment où leur droit expirera. Une partie d’entre eux aura repris une activité, quitté le dispositif ou changé de statut. De plus, ces estimations sont susceptibles d’évoluer dans le temps, en fonction de l’actualisation des données administratives de l’ONEM et des comportements observés.
Chiffres
Tout d'abord, Actiris note qu'une très large majorité de ces fins de droit — 87% — interviendra au cours des sept premiers mois de l’année 2026. Cette concentration s’explique par le fait que les quatre premières vagues de la réforme touchent principalement les chômeurs de très longue durée, soit environ 36.000 personnes (voir analyse par vague ci-dessous).
Actiris rappelle également qu'elle est à disposition de tous les chercheurs d'emploi concernés. Des permanences sans rendez-vous sont organisées depuis mai 2025 à destination des chercheurs d'emploi. Chaque chercheur d'emploi impacté va ou a été contacté et invité à des séances d'information qui débuteront en novembre. L'objectif d'Actiris est d'informer et d'orienter au mieux tous ses usagers en collaboration avec tous les acteurs de l'emploi bruxellois.
Age et Qualifications
Les chercheurs d’emploi susceptibles de se retrouver en fin de droit entre janvier 2026 et juillet 2027 sont proportionnellement plus âgés et plus qualifiés que l'ensemble des chercheurs d'emploi inscrits chez Actiris. En effet, un tiers d’entre eux ont 50 ans ou plus (contre 26% du total des chercheurs d'emploi bruxellois) et 25% sont hautement qualifiés (contre 19% du total).
Toutefois, si environ un quart d’entre eux dispose d’un diplôme supérieur au CESS, ceci concerne essentiellement les chercheurs d'emploi âgés de 25 à 49 ans (environ 7.000 sur 10.000). Par contre, on notera que 64% des plus de 50 ans (environ 9.000 sur 14.000) sont infra-qualifiés, c’est-à-dire qu’ils ne disposent pas du CESS ou qu’ils ont obtenu un diplôme à l’étranger non reconnu en Belgique.
Genre
Si Actiris note un relatif équilibre de genre au niveau du volume total des fins de droit (55% des fins de droit sont des hommes, 45% sont des femmes), les différences de profils entre les hommes et les femmes qui se retrouveront en fin de droit sont assez marquées.
Actiris observe que les femmes en fin de droit sont relativement plus représentées dans la catégorie d’âge intermédiaire (48% de femmes parmi les 25-49 ans) que parmi les chercheuses jeunes en fin de droit (43% de femmes parmi les < 25 ans) ou plus âgées (40% de femmes parmi les 50 ans et plus).
On note par ailleurs que 60% des chercheurs d'emploi en fin de droit et infra-qualifiés sont des hommes, alors que les femmes sont relativement plus représentées parmi les détenteurs du CESS (47%) et surtout parmi les chercheurs d'emploi en fin de droit disposant d’un diplôme de l’enseignement supérieur (54%).
Les femmes se retrouvent également proportionnellement plus nombreuses à relever du statut de cohabitante (53%) ou de cheffe de ménage (50%), là où les hommes sont sur-représentés dans la catégorie des isolés (66%), ce qui suggère un impact genré sur les glissements qui vont s’opérer vers les CPAS, avec un risque de précarisation accrue pour les femmes et, potentiellement, une sortie des radars institutionnels.
Chiffres par vagues
Date | Nombre de personnes touchées | Statut |
|---|---|---|
Vague 1 - Janvier 2026 | ~4.000 |
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Vague 2 - Mars 2026 | ~12.000 |
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Vague 3 - Avril 2026 | ~13.000 |
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Vague 4 - A partir de juillet 2026 | ~7.000 |
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Vague 5 - De juillet 2026 à juin 2027 | ~5.000 |
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Vague 6 - Juillet 2027 | ~1.000 |
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*Plus d'informations sur les périodes d'indemnisation sont à retrouver ici.
Analyse par vagues
De manière générale et comme illustré dans le tableau 4 ci-dessous, les premières vagues de fin de droit concerneront des chercheurs d’emploi plus âgés (50 ans ou plus), avec des niveaux de qualifications inférieurs et des durées d’inoccupation plus longues que les dernières vagues de fin de droit. Actiris constate par ailleurs que la proportion de cohabitants augmente fortement entre la première vague de fin de droit et les vagues 5 et 6 (juillet 2026 à juillet 2027), passant de 24% à plus de 45%.
Vague 1 (janvier 2026)
La première vague de fins de droit concerne majoritairement des chômeurs indemnisés de plus de 50 ans infra-qualifiés (66% d’entre eux n’ont en effet pas obtenu le CESS ou ont obtenu un diplôme à l’étranger qui n’est pas reconnu en Belgique), mais aussi des jeunes bénéficiaires d’allocations d’insertion moyennement qualifiés (66% ont le CESS). On constate dans cette première vague une forte proportion de chefs de ménage et d’isolés.
Actiris rappelle que cette première vague concerne un volume relativement limité de chercheurs d’emploi comparativement aux vagues suivantes (environ 4.200, soit 10% des fins de droit identifiées sur les vagues 1 à 6).
Concernant spécifiquement les jeunes bénéficiant d’allocations d’insertion qui seront en fin de droit en janvier 2026 (1.237 personnes), Actiris observe davantage de chefs de ménage parmi les femmes (29%, contre 11% des hommes), tandis que la moitié des hommes sont isolés (contre 34% des femmes).
Par ailleurs, les femmes cheffes de ménage en fin de droit sont plus souvent infra-qualifiées (34% d’entre elles sont peu scolarisées ou sans diplôme reconnu) que les femmes cohabitantes (15%) ou isolées (19%).
Vague 2 (mars 2026)
La deuxième vague de fins de droit concerne environ 11.900 chercheurs d’emploi (soit 29% du total des fins de droit), dont une proportion relativement importante d’hommes (57%).
Cette vague se distingue par la forte proportion de chercheurs d’emploi infra-qualifiés (62% du volume total ne dispose pas du CESS ou a obtenu un diplôme à l’étranger non reconnu en Belgique) et âgés : en effet, la moitié des chercheurs d’emploi concernés ont au moins 50 ans et 14% ont 60 ans ou plus.
La proportion de chefs de ménages est la plus forte pour cette vague et la part de cohabitants est relativement faible, tout comme dans la première vague (22% du volume total).
Vague 3 (avril 2026)
La troisième vague de fins de droit concerne environ 13.300 chercheurs d’emploi (soit 32% du total), ce qui en fait la vague la plus importante en nombre de personnes touchées.
Il s’agit essentiellement de chercheurs d’emploi d’âge intermédiaire (84% âgés de 25 à 49 ans).
Actiris observe que ce public est plus qualifié que celui des deux premières vagues, puisqu’environ un quart du volume total est hautement qualifié (et donc en possession d’un diplôme de l’enseignement supérieur).
La proportion de cohabitants augmente pour atteindre un tiers du total.
Vague 4 (juillet 2026)
La quatrième vague de fins de droit concerne environ 6.900 chercheurs d’emploi (soit 17% du total), dont une proportion relativement importante d’hommes (57%).
Elle se caractérise par un profil de chercheurs d’emploi un peu plus qualifiés : plus de la moitié dispose en effet au moins du CESS et 30% est même en possession d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Attention toutefois, car ce constat concerne principalement la tranche d’âge intermédiaire, les jeunes (certes en nombre limité) et les plus âgés étant pour leur part encore, dans une grande mesure, infra-qualifiés.
Vague 5 (de juillet 2026 à juin 2027)
La cinquième vague représente environ 4.600 chercheurs d'emploi, soit 11% du total des fins de droit dont une proportion plus importante de femmes par rapport aux autres vagues (48%).
Encore davantage que lors des vagues précédentes, cette vague se caractérise par des niveaux d’études plus élevés, en particulier chez les femmes dont la moitié est diplômée de l’enseignement supérieur.
Notons également qu’on retrouve dans cette vague en grande majorité un public d’âge moyen (80% de chercheurs d'emploi âgés de 25 à 49 ans) et que près de la moitié des chercheurs d'emploi a le statut de cohabitant (48%).
Vague 6 (juillet 2027)
La sixième vague concerne un faible volume de chercheurs d’emploi (640). Comme la vague précédente, cette vague se caractérise par l’âge intermédiaire des chercheurs d'emploi en fin de droit (73% âgés de 25 à 49 ans), par leur niveau d’études relativement élevé (42% de diplômés de l’enseignement supérieur) et par le statut le plus fréquemment rencontré, à savoir celui de cohabitant (45%).
Romain Adam
